Pour concevoir RDV d’art il fallait être un peu artiste, un peu humaniste, un peu optimiste, un peu pessimiste bref il fallait être un mélange de Gregor et Aga. En effet réunir des artistes de tous âges et de tous horizons tout en leur permettant d’être le « heroes just for one day » quelle belle idée. Ces artistes, qui pour le commun des mortels, tutoient parfois les dieux ou l’enfer, ont l’habitude des expositions collectives mais à RDV d’ART chacun peut sortir de cette confortable (ou pas) obscurité pour se mettre en lumière. Échanger avec des spécialistes, des profanes, des rêveurs ou des apprentis-artistes est le projet des ces RDV pas comme les autres.

Comme pour toutes les éditions les 34 artistes présents, avec beaucoup de nouveaux venus, viennent élargir le cercle du dialogue initié depuis maintenant de nombreuses années. Ne pas s’arrêter, aller vers l’autre, échanger, dialoguer, se nourrir de cette diversité est la marque de fabrique de nos hôtes.

En tant que madame tout-le-monde, amie d’artistes, collectionneuse très occasionnelle et enseignante j’apprécie cette formule car, en plus de rencontrer des artistes et d’échanger avec eux, elle nous oblige à réfléchir au sens de l’art dans ses diversités de supports.

A l’image de beaucoup, et pas seulement à cause de ma profession, je suis profondément atterrée de la marchandisation de la culture et de sa dérive vers une sous-culture. Mes élèves ont perdu le réflexe de réfléchir, ils se laissent séduire par l’illusion qui leur fait croire que tout doit être facile et immédiat, sans effort et jouissif. Leur esprit critique, malgré tous nos efforts, perd de son acuité au profit d’un « moins-pensant collectif »!

La politique menée par les gouvernement successifs est la même dans la culture et l’éducation : faire rimer démocratisation et médiocrité. C’est tellement rassurant pour l’élite de penser que la masse est inculte par nature, et tellement plus économique. Il vaut mieux spéculer sur des œuvres, laisser l’art aux mains de the happy fews plutôt que d’ouvrir des maisons de la culture.

Ainsi se justifient des années de désengagement financier, politique et même idéologique qui aboutissent à une culture pré-mâchée et pré-définie et au fait que des élèves, en toute bonne foi, confondent Raphaël, Léonard et Donatello avec des tortues ninja.

Or le but de cette exposition est de nous proposer d’autres possibles. 34 artistes ce sont 34 mondes mais appartiennent-ils à la même terre ? Certains nous effraient tellement ils sont sombres, d’autres nous rassurent ou nous touchent mais tous ils nous interrogent car au delà des artistes c’est bien avec l’Art que nous avons rendez-vous.
Hélène Germa-Romann

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